Nous, chefs d’entreprise, portons aujourd’hui un fardeau administratif de plus en plus lourd. Alors que la simplification tant attendue de nos obligations tarde à se concrétiser, nous sommes confrontés à une multitude de responsabilités et d’exigences émanant de l’État, souvent difficiles à appréhender dans leur globalité. Et plus l’entreprise est modeste, plus ce poids devient écrasant – parfois trop lourd pour une seule personne.
C’est l’un des messages que j’ai tenu à transmettre à Madame Véronique Louwagie, ministre déléguée à l’Artisanat, lors d’un échange qu’elle a eu l’amabilité de m’accorder il y a quelques jours. Exercer son métier ne suffi t plus. À cela s’ajoute un véritable mille-feuille réglementaire : étiquetage, droit du travail, normes sanitaires, obligations environnementales…
Autant de contraintes qui viennent se greffer à nos efforts quotidiens pour innover, communiquer, gérer au mieux la santé financière de nos structures. Les contrôles sont fréquents : Urssaf, DGCCRF, services vétérinaires, inspection du travail… Et ces inspections sont souvent réalisées selon l’appréciation – parfois subjective – des agents, avec des interprétations variables de textes juridiques déjà complexes.
Ce qui inquiète le plus, ce sont les termes employés dans certains rapports : « emprisonnement », « sanctions pénales », « amendes ». Ces mots, souvent perçus comme menaçants, génèrent un stress considérable chez de nombreux gérants. J’ai donc proposé à Madame la Ministre d’envisager un véritable droit à l’erreur, à l’image de celui qui existe pour les particuliers en matière fi scale. Car, prenons l’exemple du code du travail : il est si dense qu’il constitue déjà un défi pour les spécialistes. Alors imaginez ce que cela représente pour un artisan, un boulanger, un pâtissier !
Il ne s’agit pas de réclamer l’indulgence de l’État sur des obligations fondamentales, que nous avons le devoir de respecter. Mais sur des points plus techniques, moins connus, un peu de pédagogie serait souvent plus efficace que la sanction. L’idée serait que l’administration puisse signaler une erreur et proposer une correction, sans sanction immédiate, lorsque la bonne foi se révèle manifeste.
Un tel changement d’approche serait non seulement plus juste, mais aussi beaucoup plus formateur pour les dirigeants que nous sommes. Il allégerait considérablement la pression que nous subissons, tout en renforçant notre capacité à mieux faire notre travail. Ce que nous souhaitons, avant tout. Espérons que notre voix soit entendue.