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dimanche 01 juin 2025

L’Édito du doyen des MOF – juin 2025

Laurent Daniel, Président de la Confédération Nationale des Artisans Pâtissiers, Chocolatiers, Confi seurs, Glaciers, Traiteurs

Ce mois-ci, je ne prendrai pas la plume. L’actualité et la réception d’un courrier hors norme, adressé à l’association des MOF Pâtissiers, m’obligent à laisser ma place. J’ai voulu partager avec toute la profession le courrier du doyen des Meilleurs Ouvriers de France Pâtissiers, M. Jean Creveux (MOF 1965), que beaucoup de pâtissiers de ma génération ont connu comme professeur à l’École de Vincennes. Ce courrier est plein de bon sens, de positivité et nous rappelle nos devoirs. Bonne lecture.

L’édito de Jean Creveux, Meilleur Ouvrier de France 1965

Le message de Jean Creveux, doyen des MOF

En 60 ans, le titre de Meilleur Ouvrier a pris une nouvelle dimension.
Il a gagné en reconnaissance et en valeur notamment dans l’univers des métiers de bouche, et particulièrement dans celui de la pâtisserie artisanale. Jamais ce titre n’a été autant mis à l’honneur. Jamais les métiers de bouche n’ont bénéficié d’une telle visibilité. À vous à présent, de saisir ce formidable coup de projecteur sur nos activités. Car au-delà du titre et de la médaille, c’est une responsabilité que vous, désormais, portez : celle de défendre et de faire rayonner la pâtisserie artisanale française.

Dans un monde où l’industrie avance vite, où les vitrines se remplissent de produits standardisés, il nous revient, artisans-pâtissiers, de rester chercheurs.
Chercheurs de saveurs, de textures, de visuels inédits. Chercheurs d’émotions à transmettre. Car c’est là que réside notre véritable différence. C’est là qu’est notre rôle. Je vous invite donc à vous emparer de cette effervescence médiatique qui entoure aujourd’hui nos métiers. Utilisez-la non pas pour flatter les ego, mais pour valoriser la vraie pâtisserie artisanale. Pour mettre en lumière des créations issues du travail des mains et du cœur, et non des lignes de production.

J’aimerais que notre concours puisse évoluer, qu’il valorise la découverte de nouvelles recettes, de nouveaux goûts, de nouveaux décors.
Un concours dont les créations pourraient être protégées, brevetées, afin que ces trésors restent l’apanage de l’artisan et ne soient pas immédiatement copiés par l’industrie. Voilà comment nous pourrons donner de la valeur à nos recettes et préparer les futurs MOF aux bouleversements à venir.

N’oublions pas non plus que derrière chaque chef, il y a un gestionnaire.
À mon époque, les brevets de maîtrise intégraient cette dimension, portée par les chambres de métiers, et elle avait tout son sens. Je crois profondément qu’il serait temps de lui redonner sa place dans les parcours d’excellence. Enfin, je souhaiterais terminer mon propos par la référence à un symbole : le sablier, qui fut l’une des pièces les plus emblématiques de ma carrière, car il nous rappelle qu’atteindre l’excellence nécessite de la patience et de la persévérance.

Histoires anciennes :
J’ai occupé la fonction de Chef des Travaux à l’École de pâtisserie d’Île-de-France à Vincennes, de 1975 à 1991. Beaucoup d’anciens apprentis ont maintenant plus de 50 ans et sont adhérents. Trois sont devenus MOF et plusieurs, chefs d’entreprise. Leur priorité est « le présent !» Si pour certains d’entre eux, il
pouvait être agréable de faire un petit retour en arrière, j’ai gardé de nombreux documents et serais heureux d’en permettre la consultation…